CASTLING

9 Novembre 2022 / WORK IN PROGRESS / PERFORMANCE / THEATRE MARNI – BRUXELLES

La pratique des échecs est un puit de légendes dans lequel s’entrelacent différentes strates de la perception. Sur le plateau, ni mensonge, ni vérité, mais la fragilité d’un dénouement subtile. Quand deux joueurs s’y rencontrent, c’est un concerto silencieux qui s’enraye. Le thème du damier s’impose à l’imaginaire comme un espace ordonné et homogène. Les joueurs y projettent une succession de mouvements. Le tissu interstitiel et les lois qui président au déplacement des pièces sur l’échiquier souligne toujours et encore la logique incertaine de l’imaginaire, dès lors comment lire cet échiquier ? Comment se déplacer entre ses cases ? Quels coups y sont permis ?

L’image de l’échiquier est un idéogramme dense qui tisse un réseau d’échos entre des formes abstraites et des formes naturelles. Qu’il renvoie aux jeux, à la peinture, à la narration, ou encore à la poésie, l’échiquier offre une myriade de relais ou de ponts diagonaux vers des données éparses du monde. Pour le spectateur qui est à distance, l’échiquier annonce un intérêt sociologique notamment pour les jeux agonistiques et la guerre. On y découvre une pensée ludique de la mise en réseau, l’hypothèse de l’échiquier mise sur la finitude des formes et leurs nécessaires répétitions à travers différents degrés de l’organisation de la matière. Chaque case permet une entrée à voies multiple dans le quadrillage.

Dans la littérature arabe, outre la théorisation et le répertoire de problèmes signifiants, des légendes rappellent les valeurs qui sont réfléchies et transmises au court d’une partie. A travers les échecs, je m’interroge sur ce que je défends : la nature ou l’humanité?

Les trente-deux figurines s’attaquent au fond d’un problème : la prise d’un territoire, ou encore, la protection du droit d’exister.

Nasrine Kheltent et Abdellah M.Hassak mènent une recherche artistique respectivement et en commun depuis leur ville de résidence autour d’un sujet qu’ils ont intitulé “roquer”. “Le roque” aux échecs est un déplacement unique et permis sous certaines conditions qui sécurise la défense du roi. Dans un registre poétique et métaphorique, l’expression du roque devient les gestes que je défends, les mots que je défends, les idées que je défends… comment parle-je au nom d’un nous et comment parlons-nous au nom d’un seul. La partie de jeu qu’ils engagent présente un répertoire de gestes et de mouvements sous forme de performance vidéo et sonore. Ces mouvements s’inspirent de nos mémoires collectives, celles forgées des deux côtés de la Méditerranée.

A chaque case du plateau correspond une suite. Une suite de mouvement possible. Tension, résistance, méditation – quel lieu et quel paysage s’attachent favorablement ou défavorablement à une situation ?

 

Abdellah M.Hassak est un artiste sonore, nouveaux médias, producteur de musique, directeur artistique. Abdellah a collaboré avec de nombreuses autres institutions et espaces culturels au Maroc et à l’étranger dans la pratique radiophonique et sonore tel que Arcosanti (Arizona), FFT (Düsseldorf), HALLE 14 (Leipzig), ESAD/CRESSON (Grenoble), Friche la Belle de Mai (Marseille) et plus récemment OTO Sound Museum (Zurich), Il est le fondateur de la plateforme Radio et Archives, Mahattat Radio et Il développe une musique syncrétique Afro Futurisme avec la pratique des enregistrements de terrain en tant que Producteur/DJ, Il a été référencé par plusieurs plateformes tel que Bandcamp, Resident Advisor, The Guardian, KEXP, Pitchfork et Mixmag, Il est co-fondateur et directeur artistique de 4S’, une ONG marocaine qui porte le projet FeMENA, dédiée à la professionnalisation des femmes dans le secteur des musiques électroniques et art numérique.

www.hassak.net | Guedra Guedra – كدرة كدرة djguedraguedra@gmail.com https://linktr.ee/guedraguedra

 

 

Les résidences Halaqat : rencontre autour des arts de la scène avec des artistes venus d´Europe et du monde arabe.

Durant six semaines, le Goethe-Institut Brüssel, Bozar-Palais des Beaux-Arts à Bruxelles et la curatrice et dramaturge Nedjma Hadj Benchelabi ont mis en place en collaboration avec le Théâtre Marni, La Bellone et en partenariat avec Studio 8 en Jordanie un programme de résidences en arts de la scène adressé à des artistes du monde arabe. Ces résidences sont organisées dans le cadre du projet Halaqat, mis en place par le Goethe-Institut Brüssel et Bozar et cofinancé par la Commission Européenne.

Halaqat explore les liens culturels existants entre le monde arabe et l´Europe. Halaqat propose un voyage contemporain dans les imaginaires artistiques partagés par le monde arabe et l’Europe et se concentre sur la diversité et la richesse des collaborations culturelles d’aujourd’hui pour les soutenir et les renforcer à l’avenir.  Le projet vise à faire se rencontrer des artistes émergents de tous ces pays, à leur donner de l´espace, du temps et de l´appui de professionnels pour qu´ils puissent travailler sur leurs projets.

Le programme en arts de la scène s´adresse en particulier à des artistes ayant des projets en phase de recherche, qui s´inscrivent dans le thème « Politique de l´espace et des corps », cadre pour développer des imaginaires au-delà des limitations et contraintes géopolitiques et sociétales. Quelle est la place de l’espace public et privé dans les deux régions et dans les différents pays ? Et comment les gens y font-ils face ? Comment ferons-nous bientôt l’expérience de l’espace physique et numérique ? La notion de corps, à son tour, est liée aux questions de genre, de pouvoir, grammaire du mouvement et des modes de traduction scéniques. Pouvons-nous continuer à collaborer  et comment est-il possible d’açoir des échanges de pratiques en cette période de pandémie, de mobilité restreinte par divers mesures, et d´un élan d´invention de pratique en lien avec le monde, le vivant en général ? 

Nasrine Kheltent est artiste plasticienne et performeuse, basée à Bruxelles. Diplômée d’un Master en Arts visuel et de l’espace à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles (2017) et d’une licence en Arts et chorégraphie à l’Institut supérieur des Arts et Chorégraphies (ISAC 2015), elle intervient dans divers projets de création à la frontière du cinéma, de la performance et de l’installation. Nasrine aborde L’art tel un prisme au travers lequel investir la mémoire. Depuis 2019, membre administratrice de La Chambre de l’Art et de la Culture Euroméditéranéenne, c’est en Belgique qu’elle questionne et résout des problématiques artistiques et institutionnelles liées aux relations culturelles internationales.Son travail, volontiers collaboratif a été présenté à de nombreux événements artistiques, festivals, expositions tel que : Video Festival, Central of Contemporary Art, Bruxelles / Kulturzentrum Alter Schlachthof, Eupen / DAF Festival – La Reliure, Genève / Night Shift: from dusk till dawn, Kunstencentrum VOORUIT, Gand / KRAAK Festival, Beursschouwburg vzw / Sulger Buel Galery, Londres / Festival KANAL, Kanal-Pompidou, Bruxelles / Itsliquid International Art Festival, Venice / Mastermind Exhibition, Casablanca / Echoecho Mouvement Festival, London Derry